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Prix des médicaments : la guerre est déclarée

www.leparisien.fr    03-10-2016

Face à l’envolée du prix de certains médicaments innovants, La contre-attaque s’organise. Cette semaine, la bataille se déplace sur le plan juridique. Demain et mercredi à Munich (Allemagne), où siège l’Office européen des brevets, Médecins du monde va en effet réclamer l’annulation du brevet du Sovaldi — un traitement contre l’hépatite C qui coûte 41 001 € par patient — détenu par l’Américain Gilead. La décision est attendue mercredi.

 

 Vendredi dernier, c’est à l’occasion d’un débat consacré au prix des médicaments que cette offensive s’est affichée au grand jour, lors de la convention CHAM. Initiée par le professeur Guy Vallancien, cette manifestation a réuni durant deux jours plus de 500 acteurs et décideurs du secteur à Chamonix (Haute-Savoie) autour du thème de « L’argent de la santé ».

 

 C’est la nouvelle présidente du collège de la Haute Autorité de santé (HAS, institution chargée d’évaluer les médicaments et habituellement discrète) qui a lancé les hostilités. Face au représentant du Leem, organisme fédérant l’industrie du médicament, le professeur Agnès Buzyn s’est appliquée à dénoncer les nouvelles pratiques de certains laboratoires pour accroître leurs profits.

 

Un nouveau modèle de fixation des tarifs en réflexion

 

En 2005, a-t-elle rappelé, un nouvel anticancéreux apparaît — l’Avastin — et son fabricant, Roche, réclame 50 000 $ (44 500 €) par traitement. Un prix élevé pour un gain de trois mois d’espérance de vie. « Six ans plus tard, poursuit Agnès Buzyn, arrive un autre anticancéreux, Yervoy. Le fabricant, BMS, réclame 120 000 $ (105 000 €). Je ne peux pas croire, ironise-t-elle, que les coûts de recherche et développement ont été multipliés par 2,5 en six ans… »

 

La présidente de la HAS, ex-présidente de l’Institut du cancer, dénonce par ailleurs un nouveau modèle de développement des labos avec les anticancéreux. « Ils présentent un nouveau médicament en ciblant une maladie orpheline. Comme peu de patients sont concernés, un bon prix de remboursement est accordé. Ensuite, ils multiplient les indications pour d’autres pathologies et on se retrouve avec un médicament utilisé par un nombre de patients beaucoup plus élevé et un prix de remboursement inchangé. »

 

[ voir une vidéo d’interview  (http://www.lecese.fr/content/interview-de-agnes-buzyn-has-prix-medicaments) ]

 

La baisse du prix des médicaments va aussi s’inviter cet automne dans le débat sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Entre la baisse de prix annoncée et la baisse des volumes attendue grâce à des prescriptions médicales plus efficientes, le coup de rabot devrait s’élever à 1,6 Md€. Le Leem a beau alerter sur la nécessité de préserver la « capacité d’innovation » des industriels, les pouvoirs publics sont déterminés à faire évoluer la tarification. D’ici fin octobre, un groupe de travail de la HAS va réfléchir à un nouveau modèle de fixation des tarifs. Parmi les pistes les plus sérieuses, le prix d’un médicament pourrait être différent selon l’indication dans laquelle il est utilisé.

 

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